Les agents IA, un pouvoir qui implique des responsabilités

Les agents IA ont dĂ©barquĂ© il y a quelques mois dans le monde du dĂ©veloppement et sont en train de se prĂ©parer dans l’ombre Ă  prendre le pouvoir et prĂ©voient de faire de nous des esclaves regardant des vidĂ©os de chats sur tiktok d’opĂ©rer une vraie rĂ©volution tant leurs capacitĂ©s sont Ă©patantes sur tout type de dĂ©veloppement et en particulier sur le dĂ©veloppement web.

Aujourd’hui c’est presque impossible de ne pas intĂ©grer ces agents comme citoyens Ă  part entiĂšre d’un tooling de dĂ©veloppement moderne.

MalgrĂ© tout, l’utilisation de l’IA pose beaucoup de questions et est loin d’ĂȘtre aussi Ă©vidente et bĂ©nĂ©fique que ne le laisse penser les premiĂšres impressions.

AprĂšs une utilisation quotidienne ces derniers mois et de nombreuses rĂ©flexions j’ai dĂ©cidĂ© de faire un retour d’expĂ©rience et de parler de mon workflow avec les agents IA, de ses avantages et ses limites.

Questions éthiques

Avant de discuter technique je tiens Ă  aborder certaines questions Ă©thiques entourant l’utilisation de ces outils.

🌳 Impact carbone

L’impact carbone d’un LLM comme Claude Sonnet peut ĂȘtre consĂ©quent mais dĂ©pend Ă©normĂ©ment de l’usage. Aujourd’hui mon usage mensuel tourne autour de 10 millions de tokens soit

  • en conso Ă©lectrique (estimation courante de 0,0005 kWh / 1 000 tokens): 5 kWh, soit 1 Ă  2 kg Ă©quivalent CO2
  • En prenant en compte le coĂ»t de l’infra (fabrication, maintenance) on peut multiplier par 2 soit potentiellement pas loin de 50 kg de CO2 par an.

En rĂ©sumĂ©, ce n’est pas une catastrophe mais c’est un coĂ»t notable.

Pourquoi c’est acceptable ?

Effet rebond

Tout est une question de mesure et d’impact. LĂ  oĂč l’utilisation de ces LLM peut ĂȘtre Ă©thique c’est si elle vient remplacer le travail d’un dev sans effet rebond notable. Autrement dit, si le dĂ©veloppeur profite de ce temps libĂ©rĂ© pour gĂ©nĂ©rer encore plus de revenus, on entre dans une boucle nĂ©faste ou les coĂ»ts et l’impact peuvent exploser.

Ma vision est diffĂ©rente: j’utilise l’IA pour travailler moins et c’est le sens que les innovations techniques doivent avoir. Le fait que tant de personnes (bien payĂ©es) continuent de travailler aussi dur Ă  notre Ă©poque m’interroge. Personne n’aime son travail Ă  ce point lĂ  haha.

Autrement dit, je ne compte pas augmenter mes revenus grĂące Ă  l’IA, juste mes revenus horaires ^^. J’espĂšre pouvoir me libĂ©rer du temps pour un impact que j’estime encore faible Ă  l’heure actuelle. D’autres actions sont beaucoup plus significatives (comme manger vĂ©gĂ©tarien ou ne pas prendre l’avion).

Une utilisation sobre, pas du vibe coding đŸ€ź

Il est difficile de faire la part du vrai et du faux concernant ce terme de vibe coding censĂ© reprĂ©senter des dĂ©veloppeurs qui ne codent presque plus que par IA. Ce n’est pas ce que j’ai observĂ© autour de moi mais il va de soit que ce serait un usage complĂštement dĂ©placĂ© de l’IA car il s’agirait d’un code jetable et pas durable, quelque chose Ă  la frontiĂšre entre l’escroquerie et l’exploitation Ă  perte d’Ă©nergies fossiles.

Il est au contraire important de rĂ©sister Ă  la tentation de l’utilisation intensive de ces agents qui amĂšne de nombreux problĂšmes:

  • impact environnemental
  • code moins durable
  • perte de niveau du dĂ©veloppeur
  • perte de plaisir

Une utilisation sobre des agents

Des agents sans intention

Quel que soit le type d’IA, un sujet qui me frappe malgrĂ© l’exactitude et la rapiditĂ© des modĂšles rĂ©cents est la propension des agents Ă  proposer des rĂ©ponses ou il n’y a pas d’intention claire et j’oserais presque dire pas d’émotions.

C’est un ressenti Ă©vident quand on demande Ă  un LLM de produire du texte Ă  visĂ©e artistique ou de la musique. On ne ressent pas de connection Ă©motionnelle et on a l’impression (au mieux) d’assister Ă  un exercice scolaire par un Ă©tudiant pressĂ© de partir en vacances. Toute la richesse et la portĂ©e des interactions humaines, qu’elles qu’en soient le moyen d’expression repose sur la communication d’une intention qui en fin de compte exprime une forme d’émotion.

Lire un code gĂ©nĂ©rĂ© par IA est ennuyeux et lassant. C’est un code sans fantaisie, verbeux et gĂ©nĂ©rique.

Que ce soit en termes d’impact ou de rĂ©sultats, la pratique incite Ă  utiliser les agents de maniĂšre contrĂŽlĂ©e et segmentĂ©e au risque d’appauvrir la code base et ce qu’elle Ă©voquera aux futures dĂ©veloppeurs. Je me vois dĂ©jĂ  reprendre des codebases dans quelques annĂ©es et me dire “encore un truc codĂ© par une IA..” 😂

Savoir quand utiliser l’IA

Les agents IA nous fournissent du code sur demande et entrent en concurrence avec de nombreux outils et techniques de code. L’informatique n’a pas attendu les IA pour proposer des solutions qui vont au delĂ  du code manuel ! Certes certaines utilisations d’agents sont uniques car ils sont capables de proposer du code extrĂȘmement spĂ©cifique mais le propre des projets informatiques est justement de rarement (un euphĂ©misme) rechercher l’originalitĂ©. Les seuls personnes ayant l’impression de faire quelque chose de spĂ©cifique sont gĂ©nĂ©ralement les dĂ©veloppeurs junior et les clients ^^ Apprendre Ă  ne pas rĂ©inventer la roue est Ă  la base du travail de dĂ©veloppeur et malheureusement les agents ne sont pas excellent Ă  appliquer ce principe. Ils proposent souvent une solution verbeuse, et ne vont pas penser Ă  la solution Ă©lĂ©gante ou pragmatique (type utiliser une librairie existante ou la derniĂšre directive css) d’eux mĂȘme.

Connaitre l’Ă©cosystĂšme sur le bout des doigt et continuer de se former reste la prioritĂ© en tant que dĂ©veloppeur.

J’ai envie de donner un exemple, j’ai Ă©cris ce document sur google doc et souhaitait le passer en markdown pour le publier sur ce blog. J’ai d’abord pensĂ© Ă  copier coller ce texte dans Claude avant de rĂ©aliser qu’une extension gdoc existait dĂ©jĂ  et fait le travail mieux de maniĂšre algorithmique et beaucoup plus rapidement !

Abordons maintenant mes recommandations techniques sur l’utilisation d’agents.

Un workflow hybride tout en contrĂŽle

La vraie rĂ©volution pour le dĂ©veloppement web a Ă©tĂ© l’arrivĂ©e d’agents capables de travailler sur une codebase entiĂšre.

Les outils se divisent en 2 camps, les IDE IA (comme Cursor) et les agents IA CLI (comme Claude Code).

Je préfÚre largement la seconde solution qui me permet de garder un contrÎle total de mon éditeur (Jetbrains), sans érosion ni de mon plaisir à coder ni de mon screen space.

J’utilise donc Claude Code (Sonnet 4.5) connectĂ© Ă  mon Ă©diteur Jetbrains (via la commande /ide , les fichiers ouverts et la sĂ©lection sont intĂ©grĂ©s au contexte de Claude Code).

đŸ’« Claude Code, une CLI stellaire

J’avoue ne pas avoir testĂ© d’autres outils CLI comme Codex mais je considĂšre Claude Sonnet comme le meilleur LLM pour le code (c’est celui que j’utilise en version web et il me semble plus prĂ©cis et utile que ChatGPT).

Par ailleurs l’expĂ©rience de CLI de Claude Code est bluffante, Anthropic a produit un travail exceptionnel sur cet aspect lĂ , bravo Ă  eux.

Bonus tips

Claude, comme tous les LLM produit une impression de fini out of the box et n’a pas besoin de configuration supplĂ©mentaire pour ĂȘtre trĂšs utile.

Par exemple, le plan mode qui a Ă©tĂ© rajoutĂ© rĂ©cemment me semble inutile et plus adressĂ© Ă  des vibe codeurs qu’à des personnes qui savent ce qu’elles font.

MalgrĂ© tout j’ai expĂ©rimentĂ© avec succĂšs quelques recommandations d’Anthropic :

  • J’utilise un claude.local.md gĂ©nĂ©rique pour tous mes projets mettant claude code au parfum de ma maniĂšre de dĂ©velopper dĂšs que je commence un nouveau projet (utilisation du Makefile, prĂ©fĂ©rences d’architecture etc..)
  • Pour les projets existants, je demande Ă  Claude d’enrichir ce fichier en analysant la codebase. Ce qui permet ensuite d’avoir des modifications intelligentes qui dĂ©passent le contexte des fichiers analysĂ©s (ex: utilisation de services ou librairies internes, exĂ©cution de commandes de lint..)